Ces moments où l’on se jette sur la nourriture

Lorsqu’on parle “troubles du comportement alimentaire”, on songe le plus souvent à ce moment de la journée où on se jette sur la nourriture sans pouvoir y résister – et où, après, on se méprise d’y avoir cédé.

Alors au-delà de ce qui se passe en nous, on peut déjà prendre conscience :

  • qu’on peut gérer ces impulsions en en reconnaissant les signes avant-coureurs,
  • et qu’on peut donc agir sur le ressenti qu’on en a, puisqu’on n’est pas si impuissant que ça,
  • car diverses techniques (cohérence cardiaque, hypnose…) peuvent permettre de travailler sur le fond de la problématique, le but étant d’abaisser le niveau de stress (et donc de cortisol) de manière durable et définitive.

Voici donc un article de Cerveau et Psycho qui explique pourquoi ces dysfonctionnements sont plus qu’un simple problème de volonté !


Actualités | Comportement | 03/09/2015

Ces moments où l’on se jette sur la nourriture

Sébastien Bohler

Crises de boulimie - Ces moments où l'on se jette sur la nourriture

© Shutterstock.com/Photographee.eu

Il y a des moments où c’est plus fort que vous. Cette barre de chocolat, il vous la faut. Et pas question de la déguster posément : en quelques bouchées, la voilà déjà au fond de votre estomac. D’ailleurs, il y en a d’autres dans le placard. Les gestes s’enchaînent, machinaux. Une minute après, c’est un sentiment de vide. Que s’est-il passé ? Pourquoi avez-vous mangé tout cela ? Sans pouvoir vous arrêter…

Vous avez vécu un moment de perte de contrôle. Un contrôle qui n’a plus été exercé par la partie la plus raisonnable de votre cerveau : votre cortex préfrontal dorsolatéral.

Normalement, ce cortex préfrontal dorsolatéral surveille nos comportements et tempère nos impulsions ou envies soudaines en intégrant des impératifs à long terme. C’est lui qui nous retient de dépenser tout notre argent en achats de chaussures, en gardant à l’esprit nos objectifs d’épargne. Dans la bataille qui se livre en nous entre raison et plaisir, la raison, c’est lui. Mais certaines situations ou émotions peuvent déconnecter la raison. C’est le cas du stress. Le stress, ont découvert des chercheurs de l’université de Zurich, a un effet catastrophique sur notre tour de contrôle comportementale. Le cortisol qu’il produit se fixe sur certains récepteurs dans le cortex préfrontal dorsolatéral et paralyse leur fonctionnement.

Dans un test où des personnes devaient choisir entre manger un morceau de chou-fleur et un hamburger, une situation de stress préalable leur faisait ainsi préférer le hamburger et déconnectait le cortex préfrontal dorsolatéral des zones internes du plaisir, comme l’amygdale, le striatum et le cortex préfrontal ventromédian. Dès lors, ces censeurs du plaisir devenaient les seuls maîtres à bord et les sujets se jetaient sur le hamburger, oubliant toute raison.

Pour éviter ces moments de perte de contrôle, sachons d’abord repérer les instants où l’on se sent stressé, puis agir sur les causes du stress, qu’elles soient dues à un conflit humain, un souci administratif ou une deadline trop serrée. Relativiser les enjeux, éventuellement recourir à des techniques de relaxation ou de méditation, peut aider. Car les conséquences d’une perte de contrôle, outre les crises de boulimie, peuvent aussi se traduire par des achats impulsifs ou des conduites agressives.

L'auteur
Sébastien Bohler est rédacteur en chef adjoint du magazine Cerveau&Psycho