Flore intestinale et satiété

Flore intestinale et satiété seraient bien plus liées qu’on ne le croit. En effet, les scientifiques viennent de découvrir que les bactéries intestinales participent activement à la régulation du comportement alimentaire, par leur action tant sur la quantité de nourriture que sur le moment de leur prise.

En fait, ces bactéries produisent des protéines spécifiques 20 minutes après le début du repas. Et ces protéines sont responsables de la sensation de satiété : donc plus le repas dure, et plus la sécrétion de cette protéine s’accroît, accentuant la satiété et favorisant la réduction de l’appétit puis, rapidement, l’arrêt de l’alimentation.

On peut dès lors considérer qu’un déséquilibre dans la production de ces protéines intestinales pourrait avoir une action sur le fonctionnement du cerveau, qui ne percevrait donc pas le signal de satiété. C’est là qu’intervient la méthode MIRTE sous hypnose !


Les bactéries de l’intestin informent le cerveau lorsqu’elles sont rassasiées

Lise Loumé
Par Lise Loumé pour Sciences et Avenir
Publié le 24-11-2015 à 17h36 | Mis à jour à 17h36

Une équipe de chercheurs français a découvert que les bactéries intestinales peuvent réguler la quantité de nourriture que nous ingérons et les moments auxquels nous avons faim.

Les bactéries de l’intestin informent le cerveau lorsqu’elles sont rassasiées

La bactérie Escherichia Coli. © Erbe/Pooley / Rex Featu/REX/SIPA

“Vous reste-t-il encore de la place pour un dessert ?” Vos bactéries intestinales influencent votre choix. Car vingt minutes après le début du repas, elles produisent des protéines qui agissent sur le cerveau, et peuvent interrompre la prise alimentaire chez les souris et les rats, révèlent des chercheurs de l’Inserm et de l’Université de Rouen dans une étude publiée dans la revue Cell Metabolism*. C’est la première fois que l’influence des protéines bactériennes sur l’émission de signaux de l’intestin au cerveau est observée.

Les protéines intestinales modulent les circuits de l’appétit dans le cerveau

Jusqu’à présent, les scientifiques savaient que le mécanisme de régulation de l’appétit impliquait des hormones de l’intestin signalant aux neurones lorsque nous avons faim ou que nous sommes rassasiés. “Notre étude montre que les protéines sécrétées par les bactéries Escherichia coli peuvent être impliquées dans les voies moléculaires utilisées par l’organisme pour signaler la sensation de satiété”, résume dans un communiqué Sergueï Fetissov, principal auteur de l’étude. Concrètement, les bactéries sécrètent des protéines avant que nous nous mettions à table. Mais après 20 minutes passées à consommer des nutriments et à proliférer, elles produisent des protéines différentes de celles sécrétées avant d’être nourries. Or, l’intervalle de vingt minutes coïncide avec le temps nécessaire à une personne pour commencer à ressentir une sensation de satiété après un repas.

Lorsque les bactéries sont “affamées”, les protéines qu’elles produisent stimulent la production de peptides GLP-1, une hormone connue pour favoriser la sécrétion d’insuline. A l’inverse, lorsqu’elles sont “rassasiées”, les protéines des Escherichia coli stimulent la libération de peptide YY, une hormone associée à la satiété. Les chercheurs ont également constaté que le taux de ClpB dans le sang, l’une des protéines sécrétées lorsque les bactéries sont “rassasiées”, dépend de l’expression ADN de ClpB dans l’intestin. Or, ClpB augmente l’activité de neurones qui réduisent l’appétit. Preuve de l’existence d’un lien entre la composition bactérienne et la régulation de l’appétit de l’hôte.

“Les bactéries participent physiologiquement à la régulation de l’appétit immédiatement après l’ingestion d’aliments en multipliant et en stimulant la sécrétion d’hormones de la satiété dans l’intestin”, conclut Serguei Fetissov. Nous suggérons que le microbiote intestinal produit des protéines qui peuvent être présentes dans le sang à plus long terme et qui modulent ces circuits dans le cerveau. Nous devons maintenant connaître l’impact d’un microbiome intestinal altéré sur cette physiologie”. Reste également à déterminer le rôle des autres protéines d’Escherichia coli dans la faim et la satiété, ainsi que la contribution des protéines d’autres espèces de bactéries.

* Source : Étude publiée dans la revue Cell Metabolism