Imaginer, c’est réussir

Tout grand sportif s’entraîne mentalement. La gymnaste imagine et répète son enchaînement à la poutre, sans réellement l’exécuter. C’est une clé de la performance. Les neurosciences nous expliquent les secrets de cette technique.

Aymeric Guillot

Avant de monter sur la poutre, la gymnaste imagine précisément tous les mouvements qu'elle va réaliser. Une garantie de réussite.

Avant de monter sur la poutre, la gymnaste imagine précisément tous les mouvements qu’elle va réaliser. Une garantie de réussite.

L’essentiel
– L’entraînement mental consiste à imaginer un mouvement et les sensations qu’il provoque.
– Il active des régions cérébrales semblables à celles mises en œuvre lors de l’exécution réelle d’un geste.
– Les sportifs utilisent ce travail mental, en complément des entraînements physique et tactique.

L’auteur

Aymeric Guillot est professeur de neurosciences à l’Université Claude Bernard Lyon 1, dans le Centre de recherche et d’innovation sur le sport.

« Bon, quand je serai face au numéro 10 adverse sur le terrain, comme il se déplace très vite et défend très bien, je devrai faire une passe à mon coéquipier, le déborder, puis récupérer le ballon derrière lui. » Voilà comment le basketteur ou le handballeur peut se préparer à un grand match face à une équipe qu’il connaît bien. Et il pense à tout cela pendant les entraînements, dans le vestiaire ou quelques secondes avant le match. C’est une forme de préparation mentale : l’objectif, pour le joueur, est d’être performant au moment où il faut réellement agir.

Nous disposons de cette étonnante capacité à évoquer mentalement un objet, une personne, un visage ou un événement, même lorsque toutes les informations ne sont pas immédiatement disponibles. Nous le faisons également tous au quotidien, pour prévoir nos actions. Nous parlons dans ce cas d’« imagerie » motrice.

En 1982, le psychologue et philosophe italien Piero Ferrucci raconte l’histoire d’une fillette âgée de six ans qui, montant pour la première fois sur un vélo, se mit à pédaler sans difficulté, trouvant immédiatement son équilibre, au plus grand étonnement de ses parents ! Quand ils lui demandèrent où elle avait appris, elle répondit : « Je l’ai si souvent imaginé que cela me semble facile ! »

Même si apprendre un mouvement ne se résume pas à se le représenter mentalement, cet exemple illustre bien ce qu’est l’imagerie motrice : la faculté à « vivre » mentalement une action, sans la réaliser en même temps. Nous pouvons non seulement simuler un mouvement déjà mémorisé, mais aussi imaginer un geste nouveau ou que nous ne maîtrisons pas parfaitement. Et ce, avant de l’exécuter réellement, ce qui permettrait de le corriger.

Beaucoup de sportifs utilisent l’imagerie motrice, parfois sans en avoir conscience. Toutefois, l’enjeu est de formaliser cette pratique afin qu’elle soit la plus efficace. En cas de blessure, elle favoriserait même la récupération des capacités fonctionnelles et motrices.

S’imaginer exécuter un mouvement exige de considérer l’organisme comme un « producteur » de forces. Tout mouvement, du bras par exemple, s’accompagne de tensions, contractions, […]

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