L’hypnose révélée par neuro-imagerie médicale

L’un de mes collègues avait relevé, en son temps, un article très intéressant de Sciences et Avenir : un cerveau sous hypnose travaille différemment et semble mobiliser davantage de capacités qu’à l’éveil. J’en parle souvent en fin de séance, lorsque mon consultant me rapporte sa surprise devant tout ce qui lui est venu, parfois, comme souvenirs, images, sons, musiques, odeurs etc !… C’est peut-être ce qui explique l’incroyable mobilisation de ressources que chaque personne ressent, sous hypnose ? Et pourquoi on dit que l’hypnose est un “état modifié de conscience” ?

Pour l’instant, allons à la découverte de l’hypnose révélée par neuro-imagerie médicale…


 Ce que révèle la neuro imagerie (par TEP)

Publié le 6 juillet 2005 par Sciences et avenir

Des chercheurs belges, canadiens et américains tentent de « voir » et de comprendre le mécanisme antalgique de l’état d’hypnose. Car il reste toujours mystérieux.

L'hypnose révélée par neuro-imagerie médicale

L’hypnose se caractérise par une plus grande activité du cerveau que lors d’une tâche mentale comme l’imagination. Les zones les plus activées sont le lobe pariétal (aires associatives) et les lobes occipitaux (aires visuelles). Autre particularité : la désactivation du précuneus sous hypnose.

L’hypnose correspond elle à un état particulier du cerveau ? Depuis dix ans, des équipes du CHU de Liège, de l’université de Montréal (Canada) et de l’université Harvard de Cambridge (Etats Unis) tentent de répondre à cette question. Leurs outils : la TEP (tomographie à émission de positons, qui mesure l’émission radioactive du cerveau après injection d’un traceur radioactif) et l’IRMF (imagerie par résonance magnétique fonctionnelle dans laquelle le traceur est l’hémoglobine du sang). Ces deux techniques donnent des mesures indirectes de l’activité cérébrale par l’évaluation des variations de débit sanguin régional. « En 1999, neuf sujets volontaires ont reçu six injections d’eau marquée à l’oxygène – 15 (radioactif), dont deux à l’état de veille simple et quatre en état hypnothique, explique Steven Laureys, neurologue du centre de recherche du cycloton du CHU de Liège et chercheur qualifié du FNRS (fonds national de la recherche scientifique belge). Une fois installé dans la TEP, chaque volontaire a été invité à revivre un souvenir personnel agréable, en état d’éveil (imagerie mentale) puis en état d’hypnose. »

L'hypnose révélée par neuro-imagerie médicaleRésultat : il y a plus de régions activées en hypnose qu’en imagerie mentale, notamment les aires visuelles, mais aussi auditives, sensorielles, motrices. Comme si, sous hypnose, le sujet voyait, entendait, touchait, réellement. Autre différence : le précuneus, aire cérébrale dont la fonction est encore mystérieuse mais qui est diminuée en état de sommeil, anesthésie générale, coma et démence, ainsi que dans toute situation d’altération de la conscience, est, sous hypnose, désactivé. « Cela laisse à penser que l’état hypnothique est bien un état de conscience modifiée », comme steven Laureys. Ces résultats ont été confirmés par d’autres équipe depuis (Raivilleet al., J Cogn Neurosci 11, 110 [1999]).

Une deuxième expérience menée au CHU de Liège porte sur la nociception, la perception de la douleur, sous hypnose. En 2000, des TEP sont réalisées chez 11 volontaires soumis à des stimulus douloureux (une brûlure à 47° C) au repos les yeux fermés, en état d’imagerie mentale et sous hypnose.

L'hypnose révélée par neuro-imagerie médicale Résultat : sous hypnose, il y a diminution de moitié de la perception de la douleur. La zone la plus activée est le gyrus cingulaire antérieur. Hypothèse : sous hypnose, il serait une sorte de coordinateur qui recruterait des zones impliquées dans la modulation de la nociception. Un centre de gestion qui, dans le futur, pourrait être volontairement activé ? C’est l’objectif de recherche des neuroscientifiques. Pour cela, il faut affiner les mesures, par la résonance magnétique nucléaire (RMN) par exemple. Grâce à une résolution bien meilleure que la TEP (quelques secondes contre deux minutes) et que l’IRMF, elle permettra, demain, de réaliser beaucoup plus d’images pour chaque sujet étudié.

Source : Ce que révèle la neuro imagerie – Sciences et Avenir du 6 juillet 2005 via le blog de P. Vion