Messmer vs hypnose ericksonienne

Si vous vous demandez quelles différences il y a entre l’hypnose pratiquée par Messmer en spectacle et l’hypnose ericksonienne pratiquée en cabinet, Adrien Le Pogam, délégué du S.N.H., a apporté à une journaliste de la Nouvelle République quelques éléments de réponse :

“L’hypnose-spectacle nuit à l’hypnose thérapeutique”

14/03/2015 05:38

Adrien Le Pogam s'agace de la mauvaise image que donnent, de l'hypnose, les démonstrations spectaculaires à la Messmer

Adrien Le Pogam, délégué du Syndicat National des Hypnothérapeutes, qui revendique la reconnaissance et la réglementation de la profession. (DR)

Installé comme hypnothérapeute à Tours, Adrien Le Pogam jette sur l’hypnose-spectacle un regard critique.

Messmer fait croire qu’il a un pouvoir. Sur le public, sur les stars. Quand il arrive sur scène, il est précédé par sa réputation. Avant même de le voir, tout le monde est déjà convaincu et conditionné. Le plus gros du travail est fait. Ne reste plus qu’à trouver les gens les plus réceptifs… et à poser le regard sur eux.

Réceptif à l’hypnose, tout le monde l’est. Plus ou moins. « Une personne sur cinq seulement répond de manière optimale. Au début du spectacle, Messmer fait un test de suggestibilité (NDLR : les mains jointes et aimantées qu’on ne peut décoller) pour repérer les personnes capables d’entrer rapidement en état d’hypnose. Ce sont elles qui monteront sur scène, pour garantir un résultat instantané », explique Adrien Le Pogam.

Jeune hypnothérapeute installé à Tours, il s’agace de la mauvaise image que donnent, de l’hypnose, les démonstrations spectaculaires à la Messmer. « Après le spectacle, il est arrivé que les gens se sentent mal réveillés ou qu’ils aient mal aux genoux après avoir dansé le french cancan. Avant de les hypnotiser, Messmer ne se préoccupe pas de leur état de santé. »

“ L’hypnose aide les gens qui vont mal à se sentir mieux ”

Sans compter les positions parfois ridicules dans lesquelles on les a mis devant des centaines de spectateurs. « Dans les jours qui suivent ce genre de show, on reçoit beaucoup d’appels. Les gens pensent qu’on peut venir à bout d’une agoraphobie en une séance ! »
Il en faut en général plusieurs pour dominer, grâce à l’hypnose, certains problèmes de la vie quotidienne comme la gestion des émotions ou du sommeil, la capacité de concentration ou de confiance en soi, le stress ou l’arrêt du tabac. « Les hypnothérapeutes accompagnent les personnes pour les aider à passer des caps dans leur vie. L’hypnose peut aider les gens qui vont mal à se sentir mieux et ceux qui vont bien à se dépasser », explique le jeune homme, avec simplicité.

Bardé d’un doctorat en sciences de la vie et de la santé obtenu à Tours après des études d’ingénieur en informatique, il a choisi de tracer sa voie dans la carrière d’hypnothérapeute après une double formation dans des écoles parisiennes.
« L’hypnose médicale, qui soulage la douleur, est reconnue et même pratiquée dans les CHU. L’hypnose thérapeutique qui s’exerce en libéral a besoin d’être reconnue et réglementée, comme la sophrologie l’a été. Il n’est pas possible que n’importe qui, bien formé ou non, puisse accrocher sa plaque d’hypnothérapeute. »

Le Syndicat national des hypnothérapeutes (SNH, créé en 2013), dont le Tourangeau est le délégué régional, réclame la reconnaissance par l’État du métier d’hypnothérapeute et des écoles certifiées.

Brigitte Barnéoud