Imagerie médicale et hypnose

Heureux qui a vu le cerveau sous hypnose en imagerie médicale ! On sait que le cerveau ne fait pas la différence entre le rêve et la réalité. De ce fait, il ne fait pas non plus de différence entre ce qui est vécu durant une séance d’hypnose, et ce qui est vécu dans la réalité. En conséquence, une fois revenu dans la réalité, c’est comme si la situation avait déjà été vécue. “Et du coup, ça se passe beaucoup plus comme on l’avait souhaité” ! (voir Auto-hypnose et burn-out). D’autant que maintenant, les preuves scientifiques sont là !


Des bases scientifiques plus solides

Les progrès de l’ imagerie cérébrale et des neurosciences permettent de mieux comprendre l’état hypnotique et ses bénéfices thérapeutiques.

 23/3/15 – 15 H 20| LaCroix.com

L'imagerie médicale prouve les effets de l'hypnose sur le cerveau

L’imagerie médicale permet de comprendre le fonctionnement du cerveau en activité pendant l’hypnose. / ZEPHYR/SPL/COSMOS/

Après avoir été largement utilisée jusqu’en 1920 (pour soigner notamment les traumatismes de la Grande Guerre), l’hypnose a été délaissée par les médecins pendant le reste du XXe  siècle, avant qu’ils s’en emparent à nouveau à l’aube des années 2000. Ce regain d’intérêt est lié en grande partie à l’essor récent des neuro­sciences cognitives, qui l’ont sortie des pratiques un peu « magiques » en lui conférant une objectivité.

Les progrès de l’ imagerie cérébrale, notamment le TEP (tomographie par émission de positrons) permettant d’observer un cerveau en activité, ont élucidé les mécanismes qui entrent en jeu. « On a pu montrer qu’il s’agissait d’une fonction cérébrale cognitive, en lien avec

l’attention, résume le professeur Marcel Châtel, neuropsychiatre et professeur de neurologie. Et comme pour la plupart des fonctions cognitives (la mémoire par exemple), il existe une très grande variabilité suivant les individus : certains sont très hypnosuggestibles ; d’autres le sont difficilement. »

« On a pu confirmer aussi qu’il s’agissait d’un état cérébral spécifique qui ressemble au sommeil, mais n’est pas le sommeil, poursuit-il. On parle d’ ”état de conscience modifié”, car il n’est pas l’état de vigilance habituel. Cet état rend plus sensible aux suggestions, le patient acceptant de relâcher son système de contrôle habituel pour s’ouvrir à autre chose. »

Ce phénomène de suggestions se voit en imagerie. Les chercheurs ont pu ainsi constater que les réponses du cerveau à un même stimulus douloureux n’étaient pas les mêmes selon qu’il était sous hypnose ou non. Mais aussi qu’une « suggestion » faite par l’hypnothérapeute (un son, une image, une douleur) déclenchait chez le patient les mêmes réactions cérébrales que si ce stimulus était réel.

D’autres études ont porté sur les effets cliniques de l’hypnose, notamment dans le traitement de la douleur, que « la médecine à du mal à objectiver, tant ses composantes (sensation, émotion, comportement, etc.) sont complexes », souligne Marie-Elisabeth Faymonville, qui dirige une équipe de recherche au CHU de Liège (qui a notamment mis au point en 1991 la technique de l’hypnosédation).

« Une étude récente publiée dans le journal Pain (douleur), explique-t-elle, montre que l’hypnosédation diminue la douleur, la médication et provoque moins de variation de respiration et de tensions au cours de l’intervention. » On a démontré aussi l’intérêt d’associer l’hypnose dans le traitement des douleurs aiguës et des douleurs chroniques. « Un article intitulé ”Utilité de l’hypnose au regard des douleurs chroniques” (NDLR : à paraître prochainement dans l’European Journal of Pain) fait état d’une étude menée auprès de malades atteints depuis dix ans en moyenne de douleurs musculo-squelettiques (douleurs articulaires, lombalgies, migraines etc.), et qui ont été suivis dans un centre où on leur apprend l’auto-hypnose : au bout de six séances collectives sur un an, 83 % des patients se disent améliorés. »

Une autre étude en cours, effectuée en oncologie, montre l’utilité de l’hypnose pour les femmes qui ont un cancer du sein : l’auto-hypnose améliore leur qualité de vie et diminue leur détresse psychologique. Des projets de recherche sur le traitement des douleurs des enfants sont également en cours en France. « De nombreux travaux scientifiques sont en route qui donnent crédit à l’outil, souligne la professeur Faymonville, tout en évitant de le considérer comme une panacée : il s’agit simplement d’un talent que la nature a donné à chaque être humain et qu’on apprend à utiliser. »

Christine Legrand

(Source)